Subversion Contra Cuba/ Par Andrea Duffour

Par Andrea Duffour

Similaire au China Bashing et au Russia Bashing, si docilement alimentés par nos « experts »  et qui commencent sérieusement à nous irriter,  se déroule actuellement une énième campagne contre Cuba, grossièrement financée et orchestrée par les USA  et une fois de plus avec toute la complicité des médias  européens et helvétiques.

USAID avec leur nouvelle “Intervention humanitaire à Cuba”  poursuivent leurs cyniques  “programmes pour la démocratie à Cuba ” perdurant dans la déstabilisation et la subversion.

Le budget de l’Administration  Biden pour financer la déstabilisation et la désinformation sur cette petite île  a dépassé les 50 millions de dollars ;  (Ce 26 juillet encore, nous avons droit à des attetats contre l’ambassade Cubaine à Paris, en décembre passé, par exemple,  USAID offraient des “primes” de 500 à 5000 dollars à des jeunes cubains si ces derniers osaient mettre en scène des révoltes, incendier une voiture de police, un magasin de devises dans l’île en se filmant ou s’ils soumettaient “des projet de petits scénarios de clips montrant une révolte intérieure contre le régime castriste”.  Ces primes représentant plus d’une année de salaire. )

Des images et vidéos truqués (cf les rapports de Julian Macias Tovar, analyste espagnol des réseaus sociaux ), sur Twitter, une image re-tweeté de nombreuse fois qui montre des “protestes contre le régime à Cuba”, alors qu’ils s’agit d’une photo prise en Egypte en 2011 ; on peut trouver une vidéo intitulée  “la situation à Cuba en ce moment” qui montre des fans de foot à Buenos Aires, ou la photo avec des cubains qui manifestent contre le blocus et pour leur souveraineté mais sous-titré par l’AP

comme “manifestations anti-gouvernementales, alors que n’importe quel touriste qui ne connait pas grand chose sur Cuba peut  y distinguer clairement les drapeaux du “26 juillet”  (voir extrait de la photo en haut à droite)


CNN utilise une photo de protestes à Miami pour montrer que “les cubains vont dans la rue”, et le hashtag  #SOS Cuba, dont parle plus bas l’analyste espagnol des réseaux sociaux, est juste un petit exemple de ces petits projets financés par USAID.

Le peuple cubain et son gouvernement démocratiquement élu sont épuisés mais restent déterminés. Avec les  243 mesures du blocus,  non relevées par Biden,  et une année et demie de restrictions Covid très sévères en sus (seulement 47 morts par million d’habitants et non pas 1724 comme aux  USA), on a de la peine à résister aux chicanes quotidiennes.

Dimanche 11 juillet 2021, il y a effectivement eu un mélange de mercenaires et de citoyens cubains mécontents dans les rues de la Havane et ailleurs dans le pays.Puis plus rien.  Il n’en fallait pas plus pour que des  « reportages » jaillissent de tous les cotés et soient docilement publiés dans nos journaux helvétiques. On parle de coups d’État mous, de révolutions colorées, de printemps démocratiques made in USA et j’en passe.

Est-ce que l’on reproduit ces « analyses d’experts » non contextualisées aveuglément ou sciemment ? Je ne sais pas lequel des deux est le plus triste.

Voici donc un premier témoignage depuis la Havane, reçu le 13 juillet 2021 :

Ana, Montalvo Bereau, une jeune Cubaine de 36 ans,  qui à part une année où elle a été invitée par  l’université de Fribourg pour des recherches dans le cadre de son doctorat,  a toujours vécu à Cuba,  pays qu’elle ne changerait pour rien au monde.
Suit la traduction de son  audio en espagnol

“Je ne suis toujours pas au clair avec mes idées et mes émotions |(de ce qui s’est passé ces jours chez nous)| et je vous écris depuis la Havane parce que j’imagine que pour vous, de loin, cela doit être encore plus difficile à discerner.

Les faits sont les suivants : 

  • Blocus génocidaire, intensifié avec plus de 240 mesures qui empêchent l’importation d’intrants pour la production de médicaments, de masques, de seringues pour l’administration de vaccins, de carburant, impossibilité d’utiliser le dollar, de recevoir des envois de fonds, persécution financière, persécution des compagnies maritimes, etc.
  • Pic de pandémie et système de santé en difficulté (bien qu’avec des taux bien inférieurs à ceux des pays développés ou “démocratiques”)
  • Problèmes dans le système électrique national, difficulté d’acquisition de combustible + rupture dans la centrale thermoélectrique la plus importante du pays ainsi que l’ouverture de centres d’assistance Covid auxquels il faut garantir l’électricité en permanence, ont obligé à couper certaines zones résidentielles.
  • Mécontentement d’une grande partie de la population, qui a été obligée de couper son électricité en permanence. 
  • Mécontentement d’une grande partie de la population en raison des

difficultés à se procurer de la nourriture, des médicaments, et

mécontentement à l’égard des magasins de devises étrangères (une stratégie appliquée par le gouvernement pour collecter des devises étrangères en plein siège économique). 

Tout cela était prévu et planifié de manière perverse dans le mémorandum envoyé en 1960 par Lester D. Mallory au Département d’Etat américain.

  • Un plan a été orchestré pour établir une matrice d’opinion dans les réseaux sur la base du hashtag  #SOSCuba.  1
  • Cela a été le déclencheur de plusieurs “révolutions de couleur” et

a récemment été utilisé pour le coup d’État en Bolivie et est utilisé de manière constante au Venezuela.  

  • Ils ont manipulé l’information en utilisant des photos de révolutionnaires à la tête de titres de l’opposition, comme celle-ci où l’on peut voir des révolutionnaires avec des drapeaux du mouvement du 26 juillet. (voir photo plus haut)

– Ils ont utilisé des photos et des vidéos d’Argentine et d’Égypte en disant qu’elles provenaient du Malecon de La Havane 

– ils ont modifié la géolocalisation des comptes twitter pour faire croire qu’ils étaient à Cuba, alors qu’ils étaient dans n’importe quel pays du monde.

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Vous connaissez ma position et je la réaffirme parce que l’heure est aux définitions, je suis sortie dans la rue et je sortirai pour défendre la souveraineté de mon pays quel que soit le scénario, si je dois sortir avec des pierres alors je sortirai avec des pierres, et je ne suis pas seule et la vérité marche avec nous. J’ai vu que le dialogue   était impossible ce dimanche (11 juillet), ce n’est pas ce que veulent les manifestants “pacifiques” dans la rue, – ils ne cherchent pas le dialogue, ni ceux qui appellent à des interventions et des couloirs humanitaires en criant depuis la Floride et les pays de la région, ces mêmes personnes qui se taisent face aux personnes assassinées ou disparues en Colombie.

Mes amis, j’espère que cela vous aidera à savoir et à comprendre ce qui se passe ici. 


 Querida Andrea, c’est triste, mais tranquila, ici on va se battre, et si
 nous perdons quelque chose, ça sera après avoir lutté jusqu’à la mort,

 
 Patria o muerte, venceremos! Ana

Et voici  un autre message d’Ana, reçu le 27 juillet :

Les amis,  Nous allons bien, la famille et les amis proches vont tous bien. Nous avons presque tous été vaccinés à La Havane et nous avançons lentement avec le reste du pays.

Cuba connaît une escalade très dangereuse des infections et les prévisions indiquent qu’elle devrait continuer à augmenter. Le nombre de décès augmente également, mais à un rythme plus lent que dans les autres pays, et le système de santé est en difficulté dans plusieurs provinces. Concernant les émeutes du 11 juillet et l’atmosphère politique du pays, je peux vous assurer que la réalité que nous vivons ici est une chose et que ce qui se passe dans les réseaux en est une autre.

Au-delà du fait que je ne peux que transmettre mon expérience, cette dichotomie est un fait. C’est pourquoi je vous demande d’être très prudent lorsque vous analysez ce que vous lisez sur l’île, car il y a trop d’acteurs qui tentent d’imposer leur post-vérité. Les discours de haine se développent et parlent le même langage à La Havane qu’à Paris, avez-vous vu l’ambassade cubaine là-bas ?

Agustín a écrit un article :  http://www.cubadebate.cu/opinion/2021/07/19/de-pensamiento-es-la-guerra/  qui parle du risque de partager une planète avec un pays aussi déshumanisé et de leur plan pour que les Cubains s’affrontent et se détestent de la manière la plus irrationnelle possible. Mais en plus de ce danger permanent, nous devons faire face à mille problèmes internes, parfois cachés par le triomphalisme et la lâcheté de nombreux patrons. C’est pour cela que je travaille, c’est pour cela que j’ai décidé de vivre ici et peut-être que ma contribution est insignifiante, mais avec ma résistance, qui est celle de Cuba, je contribue à ce que l’espoir de construire un paradis sur terre ne meure pas. C’est difficile, mais comme le dit Silvio, les désirs de merveilles possibles me tirent.   Je vous aime tous très fort.  ana

Julian Macias Tovar, analyste des réseaux sociaux espagnol a analysé le  hashtag créé le 5 juillet 2021  à Miami  dont Ana nous a parlé  plus haut.  (son analyse en espagnol)

En voici  un extrait :

Ce qui est frappant, c’est que lorsque nous analysons les comptes qui répondent à ce tweet avec des artistes et des célébrités, nous pouvons constater que presque tous les comptes sont nouvellement créés ou ont tout au plus un an. Si nous analysons les comptes qui ont participé à la campagne avec le hashtag, nous constatons en fait un très grand nombre de comptes qui ont été créés les 10 et 11 juillet. Au-delà de 1 500, vous pouvez voir la date de création dans la dernière colonne. La manière dont les informations ont été manipulées dans d’autres médias a également été révélée : De nombreux artistes ayant des millions de followers ont participé en postant pour la plupart simplement un tweet avec le hashtag #SOSCuba sans aucun texte d’accompagnement. Mais la plupart des médias internationaux ont parlé des célébrités appelant à un corridor humanitaire.”  

Et ses observations par rapport aux procédures de déstabilisation :

Les trois phases de l’opération contre Cuba :

La première phase a consisté à lancer la campagne avec le HT dénonçant l’effondrement du système de santé en raison des cas et des décès dus au COVID, demandant de l’aide par le biais de faux comptes automatisés qui ont mentionné massivement des artistes du monde entier, dont beaucoup ont participé en utilisant le HT, faisant du HT un TT mondial.

La deuxième phase a consisté à publier dans les médias que des dizaines d’artistes se joignaient à une campagne visant à demander un couloir humanitaire pour sauver la situation à Cuba, comme ils ont essayé de le faire au Venezuela, une situation qui n’est normalement réalisée que dans les conflits militaires, surtout lorsque Cuba a des chiffres 15 fois meilleurs que des pays comme l’Espagne, l’Équateur ou les États-Unis, ou 40 fois meilleurs que le Pérou, où ce type de campagne n’a pas été réalisé.

La troisième phase est celle des manifestations avec peu de personnes au début, mais avec un HT étant un TT mondial avec des répercussions maximales qui ont aidé ces manifestations à grandir et avec une campagne finale par certains de ceux qui ont coordonné la campagne pour demander une invasion militaire par les États-Unis.

Roger Waters, co-fondateur du groupe de rock Pink Floyd, résume la situation de Cuba comme suit :

Si vous êtes intéressé par ma maison et que vous ne pouvez pas me l’acheter, c’est parce que je ne veux pas vous la vendre, ni vous la louer. Ensuite, vous m’enfermez chez moi, et vous ne me laissez pas sortir au supermarché, à la pharmacie ou à la banque, et vous ne les laissez pas me vendre les pièces détachées pour ma voiture ou ma moto, et en plus de cela, ils annulent mes comptes et mes cartes de crédit et d’épargne.

Au bout d’un moment, mes proches seront désespérés, certains s’échapperont par la fenêtre… et vous, de l’extérieur, vous commencerez à crier que je suis incapable de gérer ma maison et que je suis un dictateur, que je fais souffrir ma famille… et puis ils commenceront à dire que le gouvernement de ma maison est en CRISE et que les voisins auront la permission d’INTERVENIR et de me mettre dehors dans le but de s’occuper de la CRISE HUMANITAIRE de ma famille.

Bien sûr… vous ne direz jamais que vous êtes intéressé à garder ma maison. Et c’est pour cela que vous m’avez mis dans une situation aussi CRITIQUE devant ma famille.

Voir aussi : #CubaNoEstáSola  ou cubadebate,  etc. etc ou les hispanophones trouveront toutes les sources nécessaires pour documente cette subversion constante.

Pour rajouter une voix du coté alémanique,  j’ai choisi de traduire G.H, activiste à  l’Association Suisse-Cuba qui vit avec un pied à la Havane et un autre à Zurich. (Il ne souhaite pas que son nom figure en entier sur ce texte, ayant déjà reçu des attaques corporelles pour sa prise de position.)

Lettre ouverte à la SRT-RTS par G.H. 

Zurich/La Havane  (traduite et publiée avec sa permission): 

Mesdames, Messieurs de SRF News, 


Je souhaite vous envoyer quelques commentaires et une protestation concernant la contribution de votre correspondant aux Etats-Unis, Matthias Kündig, sur Cuba par rapport à (la campagne et chanson du même nom)  “Patria y Vida”.

  
Il est très déconcertant que SRF  daigne se joindre à cette campagne de désinformation et de discrédit contrôlée par les États-Unis contre Cuba.

Dans la contribution “Patria y Vida”,  le correspondant aux Etats-Unis Matthias Kündig parle du fait que les pénuries d’approvisionnement à Cuba sont critiquées dans la chanson. Il affirme que la situation de l’approvisionnement  – “il y a même une pénurie de denrées alimentaires de base” – a été le déclencheur de la chanson. Evidemment: vous pouvez mettre le feu à une maison et, en plus, saboter les conduites d’eau, puis critiquer le fait qu’elle brûle et reprocher aux pompiers de ne pas avoir pu l’éteindre. C’est un principe bien connu.

En Italie, le programme de contre-insurrection des forces secrètes de l’OTAN des années 1960 était appelé la “stratégie de la tension”. Cependant, cette stratégie a été et est appliquée partout par les USA. En Amérique latine, par exemple, lors de la grève des camionneurs payés par la CIA avant le coup d’État de la CIA contre Allende au Chili en 1973 ! Cette méthode a également été tentée à plusieurs reprises à Cuba, comme en témoigne le livre de Brian S. Latell, ancien directeur de la CIA pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Lisez-le, s’il vous plaît !

C’est le même schéma qu’au Chili. D’où viennent les pénuries d’approvisionnement ? Qui est responsable de cette situation depuis plus de 60 ans ? Ce sont les États-Unis qui veulent faire respecter le blocus contre Cuba dans le monde entier. Clinton, Trump, et maintenant Biden, ont de plus en plus renforcé le blocus. Dans le vote du Conseil national suisse du 9 mars 2021 sur le postulat Unblock Cuba (débloquer Cuba), il est dit : … “peut être libéré des chaînes du blocus économique d’urgence qui dure depuis des décennies.” ……. “La raison principale (de la situation économique de Cuba) est le blocus économique unilatéral des Etats-Unis, en vigueur depuis 60 ans et condamné à plusieurs reprises par l’ONU comme illégal au regard du droit international.”  

Est-il possible, cher SRF-News, de faire un reportage sérieux sur les pénuries d’approvisionnement à Cuba sans informer sur  ces connexions ? Non, on ne peut pas. Du journalisme sérieux serait différent.

 
C’est également ce que le Bureau indépendant des plaintes AIEP/UPI a récemment jugé à propos d’une émission de la RTS sur Cuba. “Le Bureau indépendant des plaintes a approuvé à l’unanimité toutes les plaintes (…….) et a donc qualifié le programme de violation du règlement du programme. Les commissaires ont convenu que le programme était une représentation grossièrement déformée à plusieurs égards.”  (ndt. cf.
lettre ouverte face à la RTS et au procédés de certains médias suisses)

 
Votre journaliste dit que la chanson aurait fait l’effet d’une bombe à Cuba. Il aurait évidemment souhaité que ce soit le cas. Étrange déclaration pour un journaliste, puisqu’une bombe a effectivement un effet destructeur. Ce qu’il omet de dire, cependant, c’est que le blocus économique total contre Cuba a l’effet d’une bombe destructrice. Dans ce contexte, l’appeler une “bombe” serait bien plus réaliste et nécessaire. Comme des bombes dans cette guerre économique qui dure depuis des décennies.

Berne 24 juillet 2021, photo A.D.

Il est donc cynique et scandaleux que l’on parle des goulets d’étranglement de l’approvisionnement, mais pas des vrais coupables, parmi lesquels se trouvent également les banques et les entreprises suisses (entre autres les entreprises de dispositifs médicaux !).

  
Non seulement le postulat Unblock Cuba a été adopté à la majorité au Conseil national, mais le 23 juin, l’Assemblée générale de l’ONU a également condamné le blocus américain comme illégal et contraire au droit international par une majorité de 184 voix contre 2 (!) et a demandé la fin du blocus !  Le responsable des affaires étrangères de l’UE,  Juan Borell, a déclaré à plusieurs reprises que l’UE est contre le blocus et surtout que l’application extraterritoriale est illégale.

 
Il est difficile d’imaginer que le correspondant américain Matthias Kündig et vous-même, à la SRF, ne soyez pas au courant de ces liens.

 
Pourquoi alors ne pas en parler ?

  
Pourquoi préférez-vous parler de “l’idéologie du régime communiste” ?

Le gouvernement de Cuba est légalement élu, il y a un parlement élu, une constitution (la nouvelle constitution a été approuvée par 86% lors d’un référendum après 2 ans de débat au sein de la population).

 
Cuba est un État constitutionnel. Le gouvernement cubain est donc démocratique, constitutionnel et légitimé par la loi et non un “régime”.

  
N’est-ce pas plutôt l’idéologie de l’alignement impérialiste américain qui fait de réels dégâts ? L’idéologie et l’histoire de la politique américaine “d’arrière-cour”?  L’histoire selon laquelle dans les Caraïbes, en Amérique centrale – c’est-à-dire dans l'”arrière-cour” déclarée des États-Unis – mais aussi dans toute l’Amérique latine, rien ne peut aller à l’encontre des intérêts et de la volonté des États-Unis. L’histoire de l’ingérence, des assassinats, des coups d’État et des tentatives de soulèvement des États-Unis (comme la grève des camionneurs payée par la CIA avant le coup d’État de la CIA au Chili en 1973 ou les protestations payées et incitées au Guatemala en 1954 avant le coup d’état de la CIA !)  

Et depuis plus de 60 ans, le blocus économique, financier et commercial total illégal contre Cuba ! C’est ça l’idéologie et son application brutale et honteuse !

Pourquoi les banques suisses ne se conforment-elles pas au Conseil national suisse et à l’Assemblée générale des Nations unies et ne lèvent-elles pas ce blocus illégal?  Qu’est-ce qui les empêche de le faire? Opportunisme?  Un nez pour savoir comment gagner plus d’argent ? 

Il y a une phrase d’une jeune Cubaine : “M. Trump, de quel droit pouvez-vous piétiner mon avenir ?”. Vous pourriez aussi bien le dire aux banques suisses – ou à SRF !

 
Votre journaliste parle de réactions “incroyablement nerveuses” du gouvernement cubain par rapport à cette chanson.

 
Ils auraient donc commandé une contre-chanson. La radio d’État cubaine jouerait la chanson “non-stop”. Wow, c’est tout ? Ridicule, si ce n’était pas si triste. Matthias Kündig affirme que la chanson Patria y Muerte por la Vida (dont il ne mentionne même pas le titre…) a été “commandée” par le gouvernement cubain. Le journalisme sérieux se caractérise par des sources et des preuves. Où sont les preuves, les sources, que le gouvernement cubain aurait “commandé” cette chanson?

 Il semble plutôt que votre journaliste reprend à son compte la propagande américano-américaine, et qu’il divague. Et cette propagande est – contrairement à ce qu’il prétend – réelle. Il est bien connu que l’administration Biden a déjà débloqué plus de 50 millions de dollars pour la propagande anti-cubaine.  Bien que, selon la Charte des Nations unies, l’ingérence dans un autre pays ne soit pas autorisée ! Encore une fois, les États-Unis ne se soucient pas de l’opinion mondiale, seuls leurs propres intérêts et lois s’appliquent. !
La chanson  Patria y Muerte por la Vida  a été initiée par Raul Torres et chantée avec d’autres musiciens connus et populaires. Peut-être que vous ou Matthias Kündig ne connaissez pas Raul Torres, tout comme vous ne savez pratiquement rien de Cuba et de son peuple. (En rapport avec le vote sur le postulat Unblock Cuba, par exemple, le parlementaire du PLR Hans-Peter Portmann a déclaré dans le Tages Anzeiger du 23.4. 2021 qu’il estimait qu’une majorité de la population cubaine voterait pour le parti communiste lors d’un référendum). Raul Torres est l’un des musiciens les plus populaires de Cuba depuis des décennies. Tout le monde le connaît et connaît ses chansons : l’amour de Cuba, l’amour du peuple, l’amour de la révolution et de ses réalisations. Le qualifier simplement de “musicien loyal au régime” avec une intention dénonciatrice est très irrespectueux et montre de manière impressionnante et effrayante que vous ne connaissez pas grand-chose à Cuba en termes réels.

Et, à propos, vous ne pensez pas beaucoup à la liberté d’expression non plus. Raul Torres n’a vraiment pas besoin d’être mandaté par le gouvernement cubain. Pas plus qu’Annie Garcés ou le rappeur Yisi Calibre, qui rappe dans la chanson.  Ecoutez-le ! Matthias Kündig déclare : “Mais ironiquement, cette contre-campagne n’a fait que rendre la chanson Patria y Vida plus connue, plus populaire parmi la population cubaine”.

Cher SRF, voulez-vous vraiment nous vendre une telle déclaration comme du journalisme ? Sérieusement ?

Pourquoi SRF a-t-elle peur de produire une réelle transparence? Pourquoi vous sacrifiez le journalisme sérieux pour le remplacer par des faux reportages ? Est-ce que c’est parce que cela ne correspondrait  pas à l’idéologie que vous propagez?

Une autre réalité que vous nous soustrayez évidemment –  encore une fois parce qu’elle ne correspond pas à votre récit :

Descemer Bueno, l’un des plus célèbres interprètes de la chanson Patria por la Vida, s’est heurté de suite après ses débuts dans la vie US à la liberté d’expression et à l’idéologie anti-cubaine des USA, parce qu’il a critiqué le blocus américain dans un message publié sur son compte Facebook officiel  (“Les États-Unis bloquent notre accès à l’aide à Cuba, aux choses les plus élémentaires dont nous avons besoin comme les masques, les médicaments, la nourriture, les ventilateurs”), appelant les Cubains vivant aux États-Unis à exiger la fin de cette politique cruelle “parce que l’île est un pays qui vient en aide à d’autres qui luttent également contre le COVID-19”. Il  il a reçu des menaces de mort et autres. On lui a également dit qu’il serait interdit de se produire aux États-Unis, tout comme d’autres musiciens cubains l’avaient été avant lui pour s’être élevés contre le blocus américain.

 
Son éloge de la coopération médicale cubaine et sa condamnation du blocus américain l’ont mis dans le collimateur de l’animateur de télévision Alex Otaola, qui a réussi en quelques mois à boycotter ses concerts à Miami et à détruire sa carrière aux États-Unis. Ce n’était pas la première fois que le musicien était attaqué. Son nom figure sur la liste des artistes cubains disgraciés aux États-Unis, qui comprend également Haila, Jacob Forever, Gente de Zona et bien d’autres qui ont vu leurs concerts aux États-Unis annulés et ont fait l’objet de campagnes sur les médias sociaux, de programmes télévisés et de vidéos en direct.  Descemer Bueno s’est défendu et a poursuivi le présentateur en justice. Mais il a perdu la bataille juridique. 

S’ensuit alors sa purification : soudain, sans aucune cause, il se met à attaquer le gouvernement cubain et se met à genoux devant Otaola, le félicitant même pour son interview avec Donald Trump et son combat pour “la liberté de Cuba”.

  
Apparemment, la campagne contre lui a malheureusement fonctionné. Et votre journaliste n’en parle pas, bien sûr, car cela ne rentre pas dans son schéma idéologique.

 
Matthias Kündig préfère parler de l'”idéologie” d’État de Cuba et tente de la présenter sous un jour négatif.  Qu’est-ce qu’il entend exactement par là ? 

Si cette idéologie signifie


– qu’à Cuba, dès le début du nouveau gouvernement révolutionnaire, une campagne nationale d’alphabétisation a inauguré une nouvelle ère d’égalité éducative, permettant à des millions d’enfants et d’adultes de vivre dans l’éducation et la connaissance.

 
– que le racisme – encouragé dans les siècles précédents également par un propriétaire d’esclaves suisse nommé Escher ( !) et par l’exploitation du sucre et du café par des sociétés internationales – est activement combattu à Cuba

  
– qu’à Cuba, on s’efforce de faire en sorte que tous les Cubaines et Cubains aient des revenus égaux et que la bourse, les actions et les dividendes n’imposent pas la maximisation du profit par tous les moyens aux dépens d’une partie de la population et ne soient donc pas responsables d’une grande pauvreté et d’une grande inégalité, comme par exemple dans des pays comparables d’Amérique latine.  (En Suisse, le  un (1) pourcent le plus riche possède plus de 42% de la richesse totale……)

 
– que les femmes à Cuba soient promues à tous les niveaux : économique, social, culturel et politique. Au parlement cubain, les femmes sont représentées par un bon 53%.


– que les soins et traitements médicaux sont gratuits pour la population cubaine.  Cependant, en raison du blocus américain criminel, le pays subit une pression énorme et est de plus en plus dramatique pour la population. Néanmoins, le gouvernement cubain a réussi à développer plusieurs vaccins très efficaces contre la Corona pour la population, ce qui montre à quel point la santé de la population est importante pour eux. Et sachant pertinemment combien la “volonté de solidarité” des pays occidentaux avec les pays du Sud est pathétiquement égoïste aussi dans cette campagne de vaccination contre la pandémie….).

 
– que le taux de mortalité infantile à Cuba est l’un des plus bas au monde (y compris aux États-Unis) grâce aux politiques gouvernementales. Selon l’UNICEF, la couverture et la qualité des hôpitaux spécialement adaptés pour enfants et mères à Cuba répondent aux normes les plus élevées du monde. C’est à Cuba que la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant est le mieux appliquée, selon le représentant de l’UNICEF pour ce pays, José Juan Ortiz Brú.

 
– que la protection de l’environnement et du climat est ancrée dans la constitution cubaine. Selon le WWF, Cuba est l’un des pays les plus durables au monde. Dès 1992 ( !), Fidel Castro a prononcé un discours visionnaire sur la protection du climat lors du sommet environnemental de Rio de Janeiro et a mis en garde contre les dangers de la destruction de l’environnement due à une exploitation excessive. Oui, on peut se laisser prendre dans le viseur de l’USA…. massivement orienté vers le profit.

Si cette idéologie signifie tout cela en réalité, elle ne peut pas vraiment être mauvaise, n’est-ce pas ? Mais pourquoi Matthias Kündig s’exprime de manière plate et sans contenu, mais avec une intention dénonciatrice d’idéologie d’État de Cuba ?

Est-ce vraiment ça que vous considérez comme du journalisme sérieux ?
Merci beaucoup pour votre attention et pour avoir pris note.

 
J’espère entendre à nouveau un rapport sérieusement documenté sur Cuba. Bien à vous

G.H.
Zurich/ La Havane

Pour finir ce début de réactions spontanées venant de Cuba ou de connaisseurs de Cuba depuis différents pays,  voici la parole à Gianni Mina, auteur et écrivain italien dans son: Cuba, ça suffit      (texte entier sur www.cuba-si.ch)

 C’est une situation tellement inaceptable qu’il m’est impossible de tourner la tête, ni comme homme, ni comme journaliste. Nous devons les aider pour nous aider à rester humains. 

Gianni Mina